Mardi 20 Mars 2018
A quoi sert l’orgasme féminin ?

En cette première journée printanière, nous nous devions de faire un article pour éclaircir ce mystère antique qui entoure l’orgasme féminin. A vos crayons, tentatives d’explications.
Si nous comprenons aisément que la jouissance masculine est intrinsèquement liée à la reproduction, de nombreuses zones d’ombres continuent d’entourer le plaisir féminin. Depuis toujours, marabouts, médecins, scientifiques, et autres experts du tantrisme tentent d’expliquer son rôle sans pour autant parvenir à apporter des réponses claires.
« Le massage de la vulve » pour guérir l’hystérie ?
Si l’hystérie (du grec hystera qui signifie utérus) était au XIXe siècle assimilée à une pathologie de l’orgasme féminin et se soignait par massages du clitoris que les médecins pratiquaient eux-mêmes (#metoo), jusqu’à obtention du « paroxysme libérateur », on sait désormais que cette pratique ne guérissait en rien l’hystérie. Cherchons encore, la vérité est ailleurs.
L’approche scientifique
Plus récemment, les experts américains, Gunter Wagner, professeur à l’université de Yale et Mihaela Pavlicev de l'hôpital des enfants de Cincinatti, ont démontré que la jouissance féminine aurait joué une fonction prépondérante dans le déclenchement de l'ovulation chez nos très lointains ancêtres... avant de perdre cette fonction et devenir uniquement une source de plaisir.
Hormones réflexe vs ovulation cyclique
Il y a 60 à 65 millions d'années, cette libération d'hormones réflexe jouait un rôle dans l'ovulation chez la plupart des femelles mammifères, selon Gunter Wagner. Mais par la suite, certains mammifères ont évolué vers une ovulation cyclique, rendant l'orgasme superflu. Dommage. Aristote le soulignait déjà : « les femmes peuvent concevoir sans rien ressentir ». Les chercheurs ont également découvert que la position du clitoris s'était éloignée du vagin chez les mammifères à ovulation spontanée - comme l'être humain - rendant la stimulation plus difficile lors du rapport sexuel.
Bon, tout ça c’est bien beau, mais concrètement ça sert à quoi ?
Dans son livre, The Case of the Female Orgasm: Bias in the Science of Evolution, la philosophe Elizabeth Lloyd, apporte quelques pistes pour percer l’énigme. Elle recense une vingtaine de justifications à l'orgasme féminin avancées par les biologistes. En gros, il servirait à renforcer la solidité du couple. L'homme s'attacherait davantage à une femme paraissant plus experte et libérée. Cette projection permettrait au mâle de se sentir aimé et désiré et donc, d’avoir l’impression d’être « un bon coup ». Ah narcissisme quand tu nous tiens. L'orgasme servirait donc aux femmes à retenir l'homme au foyer pour qu'il s'occupe mieux des enfants. Tremblez féministes. Une deuxième explication avance qu'un orgasme féminin encouragerait le mâle à remettre ça dans la foulée, ce qui augmenterait la probabilité pour la femme de tomber enceinte. Troisième explication, plus technique : les tremblements de l'utérus durant l'orgasme créeraient un effet de succion qui aiderait ces flemmards de spermatozoïdes à se frayer un chemin vers l'ovule. Pourtant, aucune de ces explications, aussi intéressantes soient-elles, ne semblent convaincre la philosophe.
Si l’orgasme est physiologiquement utile à la reproduction, comment expliquer la frigidité de 10% des femmes (anorgasmie) ? La masturbation ou encore la simulation? On vous le donne en mille, l’orgasme féminin reste encore un mystère à élucider... Alors, prêt pour les travaux pratiques ?
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