Vendredi 18 Octobre 2013
IAM, I AM MARTIEN
On est très content ! Le Dock des Suds est un lieu extraordinaire qui est malheureusement en sursis. En tant que Marseillais, on se doit de se battre pour garder des endroits comme ça !
Que signifie « Arts martiens », le titre de votre dernier album?
À la base, on devait sortir un projet avec Ennio Morricone mais c'est tombé à l'eau. Le découragement que nous avons pu ressentir après l'échec de notre projet avec Ennio Morricone s'est transformé en rage. On a réussi à faire un nouvel album avec 17 titres en même pas quatre mois ! Il y a donc un côté extrêmement martial dans la manière don ce disque a été travaillé. Et puis c'est aussi un clin d'oeil à Marseille par rapport au mot « martien ». Il ne faut pas oublier d'où l'on vient !
Justement, vous évoquez beaucoup votre jeunesse marseillaise dans cet album. Comment étiez vous à 20 ans ?
Je naviguais beaucoup entre Marseille et New-York. C'est là-bas que j'ai découvert petit à petit le hip-hop et le rap américain en écoutant des disques de Rakim ou de Big Daddy Kane. Je me rappelle aussi que j'étais de l'autre côté de l'Atlantique quand on m'a appelé pour signer chez Virgin !
Quel regard portez-vous sur le rap français actuel ?
La scène actuelle du rap français est très éclectique : on trouve de tout, du bon et du mauvais. Mais ce qui fait plaisir c'est de voir que les jeunes groupes font de plus en plus appel à de vrais textes, à de vraies compositions. C'est plus la course à qui sera le plus méchant comme dans les années 2000.
Marseille Provence 2013 touche à sa fin, quel bilan en tirez-vous ?
On voulait faire de Marseille la capitale du hiphop en Europe. Pour ce faire, il nous fallait un lieu dédié entièrement à cette culture. Malheureusement, personne ne nous a soutenu, personne ne nous a entendu, personne n'as voulu de ce projet. Du coup on a préféré se retirer de la programmation de MP2013.
C'est pour ça que vous malmenez Marseille dans « Notre Dame Veille »?
Notre devoir aussi c'est de dire ce qui ne va pas dans notre ville. Ce n'est pas la première fois que je malmène Marseille dans une de mes chansons. Mais bizarrement, la plupart, je les ai composées au début de ma carrière. 15 ans après, rien n'a changé et ça me fatigue.
Jusqu'à vous donner envie de partir ?
J'ai toujours hésité à la quitter, surtout dans les années 80 quand la ville était dégueulasse. Aujourd'hui, j'avoue, ça me titille de plus en plus.
Pourquoi ?
Un ensemble de choses politiques et culturelles ... En fait, je suis exaspéré : c'est une ville qui a un potentiel monumental et rien ne change ! Ca m'attriste profondément, c'est pour ça que parfois je préfère m'éloigner pour mieux y revenir. Et puis, il faut que Marseille se remette en question. Si on a la réputation qu'on a, c'est peut être parce qu'on la mérite !
Vous ne pensez-pas que c'est une situation qui pourrait changer avec les prochaines élections municipales ?
Ça peut changer mais j'attends de voir qui sont les candidats. Si c'est encore les résidus politiques de l'après-Seconde guerre mondiale qu'on peut trouver aujourd'hui, c'est sûr que ça ne changera pas ! Je suis pour une rénovation totale de la classe politique marseillaise.
Vous avez donné un concert à New-York le 21 juin dernier, quel souvenir en gardez-vous ?
C'était juste magique ! Pour moi qui ai vécu pendant des années à Brooklyn, c'était un rêve de gamin de me produire là-bas. On a joué devant plus de 6000 franco-américain et on a été tellement bien accueilli par le public qu'on a dû refuser du monde ! Plus de 1000 personnes sont resté bloqués dehors ! C'était impressionnant ! On était fier de représenter Marseille !
Vous vous imaginez encore sur scène à 60 ans comme les Rolling Stones ?
Je ne me vois pas faire ce que je fais actuellement. Peut-être plus partir sur de la soul. Un truc moins physique quoi.
Vos projets ?
J'en ai plein mais ça reste flou dans ma tête. Pour la première fois dans ma vie, je relativise, je me laisse mener par la vie. La seule chose qui est prévu, c'est la tournée jusqu'en octobre 2014.
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