Jeudi 12 Mars 2015
Fauve : frères d'âmes
Comment a commencé l'aventure Fauve ?
Fauve c'est un truc de potes à la base. On se connaissait depuis une dizaine d'années, voire beaucoup plus. Certains sont des amis d'enfance. On avait pas mal de projets, pas forcément tous ensemble, et un jour on s'est regroupé. C'était il y a déjà 4 ou 5 ans. Le but c'était de faire les choses un peu différemment, par rapport à ce qu'on pouvait faire avant, notamment des morceaux plus rock et en anglais. Avec Fauve, on voulait vraiment exprimer des ressentis de manière la plus claire possible. Notre langue maternelle s'est immédiatement imposée. Fauve était le moyen de s'échapper quelques heures de notre quotidien.
Vous vous présentez comme un collectif, et non comme un groupe, comment cela fonctionne au quotidien avec un collectif de 30 personnes?
On n'est pas tous sur le même projet tous en même temps sinon on ne s'en sortirait pas ! L'idée c'est de se regrouper sur un projet en fonction des capacités de chacun. Par exemple, les personnes qui bossent sur un clip ne sont pas forcément les mêmes que celles sur l'album, ou sur la mise en place d'une soirée. C'est assez polyvalent et complémentaire.
Vos textes, c'est ce qui fait la force de vos morceaux, mais comment se passe l'écriture ?
Les textes c'est un peu comme tout le reste. Une personne en est vraiment en charge. Elle écrit pas mal mais elle n'est pas seule non plus. D'autres membres du collectif pro-posent des textes et après on assemble un peu tout ça. Les textes, tous le monde les lis, les commente. Chacun donne son avis. Au final, c'est quand même un travail collectif.
On vous a découvert avec votre premier album il y a un an, dans un univers blizzard. Aujourd'hui vous revenez avec un deuxième opus, cette fois plus lumineux, avec plus de passages chantés. Pourquoi ce changement?
Dans « Vieux Frères », on raconte ce qu'on vit avec Fauve. On en fait un peu la chro-nique. La première partie, c'est nos débuts. On était dans un univers blizzard, d'où l'esprit de certains morceaux comme « Voyou », « Infirmière ». On essayait de sortir de cette espèce de malaise. Puis, au fur et à mesure, on a voulu montrer que cette thérapie « Fauve » nous a tous un peu sorti de ça. Et donc, ce changement s'est ressenti dans nos morceaux, comme dans la fin du premier album, avec « Loterie » ou « Lettre à Zoé ». On revient avec des titres beaucoup plus apaisés, beaucoup plus lumineux. C'est un cheminement à l'image de ce que Fauve nous a permis de vivre. Après, même si le deuxième album est plus positif, ce n'est pas non plus que ça. Au début on pensait faire un opus totalement lumineux. Au final, on s'est rendu compte qu'on avait aussi d'autres choses à dire, parfois un peu plus sombres, ou enragées, comme dans « Bermudes » ou « Azulejos ». Ce sont des titres un peu plus durs, parce que la vie est comme ça.
Quels thèmes abordez-vous dans ce nouvel opus?
De l'apaisement, de la sensation d'être soulagé. Mais aussi de l'énervement contre les marchands de terreur. En passant par le bonheur de l'amitié retrouvée.
Quelles sont vos influences ?
On part de ce qu'on veut dire dans les chansons pour trouver ensuite la musique qui colle parfaitement au texte. Les influences viennent d'un peu tous ce que l'on a écouté depuis qu'on est gosses. On a tous une éducation musicale différente mais on se re-trouve sur pas mal de choses, comme le rock ou le hip-hop des années 90. On aime beaucoup la pop aussi.
Abordez-vous la sortie de ce second album de la même façon que le premier?
Pas du tout. La façon de faire est différente. L'année dernière, on a préparé la sortie de l'album et la tournée en même temps. Là, on fait ça en décalé. Du coup, c'est moins stressant et moins crevant.
Vous avez choisi de rester anonyme, de ne dévoiler ni vos noms ni vos visages. Pourquoi? Avez-vous déjà pensez à le remettre en question ?
Rester anonyme, ne pas se montrer en photo, rester discret au maximum, ce n'est pas du tout une réflexion par rapport à la façon dont on allait présenter le projet parce qu'on s'en foutait. A la base quand on avait fait des morceaux, c'était juste pour les mettre en ligne et les partager avec nos potes. A ce moment là, on a eu besoin de visuels. On n'a pas voulu mettre se montrer nos tronches parce que ça ne correspondait pas à ce qu'on voulait faire. Les morceaux sont suffisamment transparents, directs et racontent des choses tellement personnelles, qu'on s'est dit « on va éviter d'en rajouter, ça serait un peu too much ». Globalement, quand tu dis des choses comme dans « Saint Anne » ou « Nuits fauves », c'est difficile ensuite de poser pour une photo de groupe rock les bras croisés. On tient à rester crédible, à s'effacer derrière le projet. Ce n'est pas les gens qui le composent qui sont importants. Avec le succès, on tient à garder ce cap là. Au début, les gens ne comprenaient pas, surtout les médias qui ne voulaient pas forcément jouer le jeu.
Votre premier album a eu un succès fou, vous avez fait une longue tournée à guichets fermés, le tout avec une promo hors circuit, sans pub. C'est quoi votre secret ?
On n'a pas fait exprès ! On essaie de faire des trucs cool. Pour la pub, clairement on n'avait pas les moyens. Même aujourd'hui, ça reste très cher. L'important ce sont nos morceaux. Alors on se concentre là dessus.
Qui dit succès dit fans. A travers vos textes, vous vous adressez directement à une génération bien précise. Quel lien entretenez-vous avec votre public, no-tamment sur les réseaux sociaux?
On essaie de répondre un maximum aux messages des gens. Au début, juste nos potes nous suivaient. Puis ça a été les potes de potes et à force on ne savait plus vraiment d'où venaient les gens. Là, ça commençait à nous faire bizarre parce que c'était la première fois que des gens de l'extérieur s'intéressaient à ce que l'on faisait. Alors on a pris pour habitude de leur répondre, de manière toute à fait normale. Même si aujourd'hui c'est de plus en plus difficile parce qu'on reçoit beaucoup plus de messages. On aime faire ça. C'est important d'avoir un contact direct avec les gens, notamment parce qu'on ne passe pas forcément par les médias pour communiquer.
Pour certains artistes, la grosse tête est livrée en supplément du succès. Vous avez su resté simples, comment ?
On ne se prend pas la tête. Se mettre au dessus des gens, comme sur un piédestal, c'est pas Fauve. Le côté anonyme nous aide à ne pas nous prendre pour des stars. Dans le fond, on parle jamais de nous en tant que personne mais du projet que l'on porte. Ca permet de prendre du recul. Fauve, ça fait partie de notre vie mais ce n'est pas toute notre vie. On sait faire la part des choses.
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