Lundi 25 Janvier 2016
Birdy Nam Nam : "Notre force c'est de casser des publics en deux!"

Il s'est passé pas mal de choses depuis notre dernière rencontre (en 2013, voir notre magnifique interview vidéo ici), Dj Pone s'en est allé, vous avez bossé avec Skrillex, vous avez tourné aux Etats-Unis... Est ce que vous pourriez revenir sur cette période ?
Little Mike : Oui c'est vrai qu'il s'est passé pas mal de trucs, on s'est aussi séparé de notre label, de notre manager, de notre éditeur : bref, on a décidé de repartir de zéro. Ça n'a pas été simple, il a fallu se relancer mais l'envie de faire ce nouveau disque a été plus forte que tout. On avait encore des choses à exprimer, on avait encore envie d'exister sous cette forme. Au delà de nos envies personnelles, Birdy Nam Nam c'est une expérience que l'on ne revivra peut être jamais après ça. Peut être que demain, Crazy B deviendra une star internationale qui vivra son truc solo par exemple, on sait pas !
Crazy B : Inchallah alors ! (Rires)
LM : On a eu une vraie volonté d'entreprendre avec ce nouvel album.
CB : Et de refaire de la musique, du mieux que l'on pouvait. En fait, on s'est donné le temps de faire un disque qui nous plaise, dont on sera fier dans quelques années.
Justement, vous revenez avec un nouveau disque, Dance or Die, est ce que vous pouvez nous en dire plus ? L'idée de créer votre propre label Zipette Records, c'est aussi une façon de reprendre totalement la main sur ce que vous faites ? Il n'y avait aucune autres possibilités avec des labels déjà existants ?
CB : Si mais tous les contrats qu'on nous a proposés étaient dégueulasses.
LM : D'une certaine manière, on nous croyait mort, on pensait que Pone était le leader du groupe, qu'on reviendrait pas... Alors que tout ça est faux. Il a fallu qu'on fasse nos preuves auprès de gens qui pensaient qu'on appartenait au passé. CB : Pour ces gens là, Birdy Nam Nam n'avait pas d'avenir alors que nous on voyait un prolongement à ce groupe avec plein de trucs à faire. On avait commencé notre mue avec Defiant Order et l'association avec Skrillex. Cette période a déclenché en nous l'envie de faire d'autres choses. Mais on était en décalage avec tous ces gens là, alors on a pris les choses en main.
Parlons de ce disque, qu'est ce qui a changé musicalement ?
LM : Musicalement y'a toujours des changements, on n'a pas envie de refaire ce qu'on a fait. Chacun de nos albums était différent, c'est aussi le cas pour celui-là. On a eu envie de faire un peu plus de mélodies, de faire un album solaire, ouvert, dansant. On a envie de casser notre image 100% technique. On nous a toujours parlé de notre façon de faire de la musique mais jamais de ce qu'on voulait exprimer. On nous a toujours parlé d'Abbesses, mais jamais de ce qu'on a pu faire après. On a pourtant toujours été un peu avant-gardiste je trouve. Dès le début de BNN, on a toujours été très ouvert. Dans ce disque, on a eu envie de montrer notre éclectisme et de s'affirmer un peu plus. C'est plaisant d'avoir la main sur tout ce qu'on fait : sur le disque, mais aussi sur les clips, le merchandising ...
CB : L'intérêt premier, c'était de faire quelque chose de nouveau et de ne pas faire un faux come-back hommage au premier album.
LM : En fait, on a fait un disque qui nous ressemble. On a fait des sons qui potentiellement pourront passer en radio, et c'est tant mieux. On créé des morceaux qui nous plaisent.
Vous vouliez vous détachez de votre image de scratcheurs hyper techniques et tenter de nouveaux trucs ?
CB : Oui même si ça fait quelques temps qu'on s'en est détaché. On est loin de notre premier disque où on faisait du scratch 24h/24 7j/7. Alors certains nous diront toujours : « ah mais vous avez perdus votre âme »... mais honnêtement on a envie de leur dire que notre musique évolue selon nos envies.
LM : Ça sera toujours le cas, quand on a sorti Going In, on nous a taxé de David Guetta. Qui est un morceau pourtant assez radical donc bon. C'est sur que les fans d'Abbesses risquent d'être choqués en entendant le titre Laser From my Heart (Feat. Elliphant). Sauf qu'on fait ce qu'on a envie de faire.
CB : Les gens attendent toujours énormément de choses de nous, je sais pas pourquoi, c'est bon signe mais des fois tu as envie de leur dire écoute toutes les merdes qui passent chaque jour à la radio et on en reparle. Je pense qu'on a quand même une ligne de conduite plutôt propre par rapport à d'autres.
Vous avez dévoilé trois extraits de cet album : le dansant Can't Do Me, le plus électro Dance or Die et un morceau un peu plus vénère, un peu plus Hip Hop, Hammer Head avec Mai Lan. C'est assez varié tout ça, ça reflète le disque ? Quelles ont été vos influences ?
CB : On voulait qu'à chaque morceau, on soit surpris. Donc il y a de tout.
LM : Y'a des tracks plus RnB, plus électro funk, plus hip-hop... la grosse nouveauté, c'est la présence de chanteurs sur des morceaux. C'était notre défi de créer des sons qui s'adaptaient à une voix.
CB : Au niveau des influences, on a été cherché des sons plus funk des années 80 : Zapp, Roger Troutman... Des trucs dont on se serait pas servi avant par peur que ça soit mal perçu, cette fois on a moins pensé au public, enfin à notre public d'antan, et on s'est fait plaisir. C'est un peu notre leitmotiv : on fait un son pour que les gens râlent (Rires).
LM : C'est sur qu'on n'a pas attendu d'écouter Get Lucky pour écouter de la funk. Les références de l'époque, c'était un style ghetto loin d'être commercial, dansant, et c'est plutôt à ça qu'on se réfère.
Tous ces extraits sont en tout cas bien moins sombres que certains de vos dernières sorties style Parachute Ending ou Defiant Order, c'était une vraie volonté de votre part ?
CB : Oui c'était une vraie envie. Le morceau Can't Do Me c'est un peu le titre-transition entre l'ancien et le nouveau Birdy. Tu peux t'y retrouver mais tu trouves une pâte plus solaire. C'est un peu notre générique de feuilleton américain pour notre retour.
LM : On avait une vraie volonté de faire quelque chose de plus chaleureux. On sait toujours taper dans la gueule des gens, il y a des morceaux dans l'album pour ça, mais il y a aussi des hymnes à la chiale. On avait envie de faire autre chose. On reste fidèle à nous mêmes en fait : chaque album a toujours été hyper différent du précédent. Et c'est le cas aussi pour celui là.
Bon et la grande question : quand est ce qu'il sort ce disque ?
Ensemble : Inchallah !
LM : Il devrait sortir au mois d'avril 2016. Jusque là, on va dévoiler des nouveaux titres et de nouveaux clips.
"On va mettre pas mal de groupes à l'amende"
Et le retour en live face au public, comment ça se passe ?
CB : Bah écoute génial, on retrouve des bonnes sensations même si on arrive avec de nouvelles musiques et qu'on teste notre nouvel album, c'est toujours un peu délicat au départ, c'est une prise de risque mais on a toujours fonctionné comme ça et ça se passe hyper bien. Après y'a deux, trois cartouches que le public connaît plutôt bien donc ça va ils sont pas trop déboussolés.
LM : C'était pas gagné au départ. En trois ans, t'as dix nouveaux groupes qui sont apparus et qui sont sur le devant de la scène, on avait besoin de se redonner confiance. Y'a encore plein de trucs à améliorer sur ce live, c'est que le début des dates, mais on est retour bien comme il faut et je pense qu'on va mettre pas mal de groupes à l'amende. (Rires). Faut pas se mentir, on reste des compétiteurs. Ça nous rend pas moins humbles mais il faut savoir accepter le peu de forces qu'on a. Nous, notre force c'est de casser des publics en deux. Sans être arrogants ou prétentieux, c'est ce qu'on sait faire.
Contents d'être à Marseille ?
LM : Ouais c'est une ville qu'on adore. La dernière fois qu'on est venu, c'était devant le Mucem, c'était dingue. En plus, en tant que supporter du PSG je suis doublement motivé. Je trouve ça cool de vaner le public et de me faire vaner en retour. C'est un truc sain et marrant. Jouer à Marseille, c'est toujours un événement pour nous !
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