Devra-t-on prouver son âge pour accéder aux sites pornos ? Mercredi 03 Février 2021
Durant le confinement, l'utilisation des sites pornographiques a explosé. De nombreux mineurs font partie de leurs usagers. Un fléau auquel le Sénat tente de mettre fin grâce à un amendement adopté le 10 juin dernier. Bientôt, il faudra prouver son âge pour jouir des sites gratuits.
Avez-vous déjà regardé une vidéo hot étant ado ? Une pratique qui peut sembler banale pour beaucoup mais qui représente un vrai problème pour l'État. Dans le cadre de la proposition de loi pour protéger les victimes de violences conjugales, le Sénat a adopté, mercredi 10 juin, un amendement pour empêcher les mineurs d'avoir si facilement accès aux sites pornos gratuits.
Aujourd'hui, pour profiter du contenu de ces plateformes rien de plus simple : il suffit de cocher une case pour affirmer qu'on a plus de 18 ans, sans fournir de preuve. Une sécurité insuffisante, quand on sait que 50% des enfants de 12 ans ont déjà vu un film X. À l'avenir, il faudra prouver son âge pour accéder aux vidéos des plateformes gratuites. Deux solutions sont envisagées : passer par une carte de crédit ou par FranceConnect. Ce dispositif garantit l'identité de l'utilisateur et permet de s'identifier pour accéder à différents services publics en ligne... comme payer ses impôts.
Vers un blocage des sites contrevenants
Si l’accès à un site porno est encore trop simple pour un mineur malgré l’amendement, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel envoie une injonction à la plateforme qui a 15 jours pour changer la donne. Si au bout de ce laps de temps rien n'a changé, le CSA se tourne vers le tribunal judiciaire de Paris qui peut ordonner aux fournisseurs d'accès Internet de bloquer ces sites ou demander aux moteurs de recherche de ne plus les référencer. Cet amendement vient renforcer la protection des mineurs à l'exposition du porno qui est déjà passible de 3 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende, mais difficilement applicable sur Internet, notamment parce que ces sites sont hébergés dans des paradis fiscaux. Même si cette mesure contraint le secteur du sexe, les sites payants comme Marc Dorcel s'en réjouissent, espérant que de nouveaux clients se tournent vers eux si leurs concurrents sont bloqués.
Un projet déjà tenté... mais abandonné
L'année passée, le Royaume-Uni avait également tenté de bloquer l'accès de ces sites aux mineurs, mais la loi a dû être abandonnée. Pour prouver son identité, l'usager aurait dû fournir un scan de sa carte d'identité ou se rendre chez un marchand de journaux pour demander un code. Des mesures bien trop contraignantes qui ont mis un point final à cette loi qui a été jugée trop difficile à appliquer et représentait un risque pour la vie privée.