Mardi 12 Septembre 2017
Les réseaux ont-ils fait de nous de véritables enfoirés?

Bienvenus à l’ère de l’amour 2.0, où le romantisme est un emoji « cœur rouge », où la passion se résume à des échanges de textos rapides et brefs mais incessants. Loin de nous le temps où Choderlos de Laclos écrivait les longues missives des Liaisons dangereuses que s’échangeaient la marquise de Merteuil, le vicomte de Valmont et les autres. Loin de nous le temps où Rousseau écrivait la passion épistolaire de Pierre Abélard et Héloïse, dans Julie ou la nouvelle Héloïse…
Nous sommes désormais présents partout, rendus disponibles sur les réseaux sociaux et par les applications dont nous disposons ; les messages que l’on se fait passer ne sont pas toujours brillants, et nos échanges, parfois d’énormes quiproquos.
Les nouvelles technologies auraient-elles donné naissance à de nouvelles pathologies dont nous sommes tantôt la victime, tantôt le bourreau et parfois peut-être, les deux en même temps ? Vous avez sûrement déjà entendu parler du ghosting autrement dit, le fait de disparaître complètement - autant que faire se peut à l’heure de l’ubiquité technologique - et devenir un fantôme sans explication, après avoir envoyé un simple « haha ». Mais vous n’avez peut-être pas encore entendu parler du benching ou même du love bombing…
Souvenez-vous de l’excitation du début d’une relation, l’échange effréné de textos avec l’élu, l’attente anxieuse des réponses derrière un écran, le « Paul est en train d’écrire », l’angoisse d’un « Message lu » demeuré sans réponse. Et peut-être avez-vous au moins une fois fait face à un « love bomber ». Une personne qui vous ne vous donne pas seulement de petits gestes d’affection, mais une véritable implication de sa personne, vous prédit un avenir doucereux au cours de longues conversations dans les limbes textuelles. Ces personnes sont probablement – un peu – manipulatrices, cherchent des proies faciles à abandonner ensuite. (Ghosting est-ce toi ?) Et puis il y a le benching. Le principe ? Garder quelqu’un sous le coude, en remplacement. Faire miroiter une relation en cas de longues journées d’hiver ennuyeuses. Idéal non ? Un peu dégueulasse, qu’on se le dise.
Messenger, instagram, whatsapp seraient à l’origine de ces nouvelles pathologies, apanage de la fameuse génération y, ou z, on ne tient plus le compte. Mais ça ne serait pas un peu facile tout ça ? Oui, on drague sur internet. Qui n’a jamais ajouté le serveur mignon du bar sur Facebook ? D’ailleurs, 1 relation sur 3 commencée par écran interposés s’est transformée en histoire d’amour. Et qu’en est-il de toutes les belles choses que les réseaux ont permises, de toutes les déclarations sur écran tactile et clavier azerty ? Les billets publiés sur le compte Instagram amours_solitaires sont la preuve que la poésie existe encore… Et à regarder autour de soi on se rend vite compte que beaucoup de nos potes ont rencontré l’âme sœur sur Tinder, alors arrêtons donc de stigmatiser notre condition.
Si les contours du véritable narcissisme amoureux se sont faits poreux, avouons-le, nous avons tous été au moins une fois un ghoster, un lovebomber, benché ou bencher, nous avons tous dragué derrière un écran ou sur une appli sans aucune pudeur. Relativisons, nous sommes tous faibles d’être humains et tous faibles d’être aimés. Sur Tinder comme ailleurs.
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