Lundi 26 Juin 2017
Marsatac 2017 : un renouveau en demi teinte
Marsatac dit adieu à la Friche la Belle de Mai et au mois de septembre pour s’installer pour la première fois fin juin au Parc Chanot. Magma te l’avait promis l’an dernier, on te raconte tout ça. Conclusion de cette nouvelle formule ? Il y a encore de sérieux points à améliorer, mais on doit en convenir, on s’est tout de même bien marrés.
C’est peu dire qu’on s’impatientait et qu’on redoutait à la fois ce Marsatac version 2017, délocalisé, et décalé. On ne sait pas pourquoi, mais ça nous a donné un petit coup de vieux. Un nouveau lieu plus imposant -plus impersonnel aussi- pour accueillir des gens de tout l’Hexagone et s’imposer définitivement comme la référence des festivals dans le sud de la France. Résultat ? Il y a encore un peu de boulot.
Transformer cet espace en un lieu de vie et de fête n’est franchement pas évident. L’arrivée de jour sur le site était même un petit peu déprimante : comme l’impression de débarquer sur un parking, beaucoup trop de bétons, un seul bar pas franchement sexy et même s’il faut souligner les efforts de l’orga pour avoir proposé une étendue de pelouse et un espace avec des néons qui égayaient un petit peu les lieux. Big-up tout de même pour l’accès aux toilettes et aux points d’eau, vu la chaleur, c’était plus que bienvenu. La vue du festoche de nuit avait tout de même un peu plus de gueule avec des spots rougeâtres qui se baladaient sur les trois palais et sur le stade situé juste derrière.
Mais clairement, on ne va pas tourner autour du pot, les trois hangars, “les palais”, sont plus habilités à recevoir les meetings de Macron ou d’Estrosi qu’à faire péter les watts. Pour les basses, on a été gâté… à tel point qu’on n’entendait plus les textes ou les mélodies des artistes. On le redoutait et vraiment le son était parfois franchement crade. Un gros point noir à améliorer : on sait que c’est pas évident dans un tel baraquement mais c’était certains morceaux étaient parfois inaudibles. On va mettre ça sur le compte de l'adaptation au nouveau lieu et croiser les doigts très forts pour que ça soit mieux l'an prochain.
Mais parlons un petit peu de la progra, qui -elle- faisait quand même bien rêver. De notre côté, s’il n’y avait qu’un concert à retenir de cette édition, en toute subjectivité mais en étant sûr qu’on n’est pas les seuls, on voterait Fonky Family. 19 ans après la première édition, la FF était de retour au grand complet à Marsatac et on en a frissonné. Oui, le son était dégueu, oui il valait mieux connaitre les paroles sur le bout des doigts, mais bordel c’était bon. On a senti le kiff de SAT, le plaisir du Rat Luciano, la folie de Don Choa : on a retrouvé LE groupe made in Marseille qui nous manque tant. Il y avait comme une ambiance de Stade Vélodrome dans ce concert, on a gueulé des “Aux Armes !” et des “Paris, on t’enc…”, bref on était à Marseille et on était fier de le hurler sous les voûtes de ce Grand Palais. De “On respecte ça” au “Shitsquad”, de “Cherche pas à Comprendre” à “Sans Rémission”, les compères ont enchaîné les classiques pour un show d’une heure et demi dans un hangar dégoulinant.
Et si l’orga de Marsatac a souvent subi les foudres des marseillais pour ne pas proposer suffisamment de hip-hop, cette édition avait de quoi calmer les rageux : Demi-Portion ouvrait le bal, la Fonky Family ensuite donc mais aussi House of Pain et De La Soul rien que pour le premier soir, excusez du peu. On va pas vous mentir, votre humble serviteur a subi les conséquences du concert de la FF. Il a fallu récupérer et vu la queue au bar, il a fallu prendre son mal en patience : un seul point de vente littéralement pris d’assaut où certains ont du patienter près d'une heure pour une pinte... de Kronenbourg… à 6 euros, outch. Le tout à régler avec un système de tickets auquel personne n’a rien pigé car le paiement en carte était possible. Comprenne qui pourra. On ajoutera qu’il n’y avait pas d’Ecocup mais des gobelets en plastique, pas top top mais bon.
Une fois réhydraté, on s’est rendu compte que l'électro ne s’était pas fait la malle pour autant, Nicolas Jaar a joué avec les oreilles des festivaliers au Palais Phocéen dans un spectacle un peu trop expérimental aux dires de certains (on était dans la queue pour la bière à ce moment là). Pour monter en intensité, on peut toujours compter sur les gars de Birdy Nam Nam qu’on commence à connaître maintenant. Le plus cool, c’est qu’on est rarement déçu avec ceux là. Leur électro bien crade tabasse comme il faut, loin des standards de techno parisienne ou berlinoise, les trois birdy ont leur pâte et ça fonctionne toujours aussi bien en live. Pour se finir en beauté, on est aller secouer nos cervicales sur Abstraxion au Palais de l’Europe avant de terminer nos tympans sur la techno de Roman Flügel. Quand on en est finalement sorti, il faisait jour. Alors on est parti pioncer pour se refaire une santé.
Le lendemain, on aurait bien voulu voir les Nova Twins mais à cette heure-ci, on a eu la chance d’interviewer VALD (l’interview arrive très vite) qui passait juste ensuite sur le Grand Palais. Et le baptou d’Aulnay-Sous-Bois (93), même quand il joue à l’extérieur (le saligaud s’est laissé à une petite provoc’ le lendemain sur son compte Instagram avec maillot du PSG dans le Stade Vélodrome) sait faire sauter son public, qui de toute façon le kiff ici ou ailleurs. Rassurez-vous, il a commencé par dire Bonjour. Avec son album Agartha qui a cartonné cette année, Valentin -de son vrai prénom- a alterné ses sons pops aguicheurs ("Ma Meilleure Amie"), drôles ("Selfie", "LDS"), ses petites pépites (Blanc) et ses sons énervés qui n’ont pas manqué de déclencher de bons gros pogos ("Bonjour", "Megadose", "EuroTrap"). C’était joyeux, c’était bordel, c’était drôle, c’était VALD.
A peine le temps de s’en remettre qu’on s’est fait attaqué par les deux fadas sud-africains de Die Antwoord. Ninja et Yolandi donnaient -comme d’habitude- l’impression d’avoir tué des bébés chats et sniffé un saladier de cocaïne avant de monter sur scène. Sans pouvoir prouver la véracité des deux affirmations précédentes, on a juste pu constater qu’ils débordaient d’énergie et qu’ils ont balancé un show d’envergure avec confettis et danseurs cagoulés surexcités inclus. On s’est pas ennuyé une seule seconde et même si le son saturait carrément (une fois de plus), on s’est bien marré.
Bon, et puis, quitte à être au Grand Palais, autant y rester pour attendre Mr Oizo. Tu sais, c’est le mec qui te donne l’impression d’avoir rien branlé de ton existence, aussi talentueux derrière des consoles que derrière une caméra (pour ceux qui l’ignorent, derrière ce nom de scène se cache Quentin Dupieux, réalisateur de Rubber, Reality ou Wrong Cops). On savait le bougre capable de faire sauter des foules, on sous-estimait visiblement sa capacité à les casser en deux. Le dj français a pas fait semblant avec un set sacrément violent bien qu’un peu inégal parfois. Il s’est même permis de passer du Daft Punk et du Gesaffelstein. Bon, à ce stade de la soirée, il a bien fallu remarquer qu’on avait un petit peu trop traîné sur la même scène, du coup on est allé voir ce qui se passe ailleurs. Dubfire nous a fait plaisir au Palais de l’Europe même si la puissance sonore était vraiment moins imposante qu’au Grand Palais.
On aurait voulu terminer cette édition 2017 avec le concert de Suicide Boys mais on a su dans la soirée qu’ils avaient dû annuler : leur bus-tour est tombé en panne à Dijon. Dommage. Alors on s’est péniblement dirigé vers le palais de l’Europe pour écouter la techno de Humantronic. Notre présence ressemblait plus à de la figuration, le jour nous appelait dehors, comme pour nous dire que Marsatac 2017, c’était terminé. Alors, on s’est rentré histoire de dormir 52 heures.
CONCLUSION
On a aimé :
- Le grand retour de la Fonky Family
- Les pogos de VALD
- Le live tellement sale de Mr Oizo
- Un lieu plus grand
On a moins aimé
- Un son souvent crade (surtout dans le grand palais), des basses trop surpuissantes en comparaison des aigus
- La queue au bar
- Le prix de la soirée un peu chère
- Un lieu trop impersonnel, mais on fait confiance à l'orga pour améliorer ça à l’avenir
CREDITS PHOTO : LNM - Thomas Vch
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