Lundi 20 Août 2018
Nouria Newman : le Kayak dans la peau
Championne du monde de slalom à Prague en 2013, Nouria Newman s’est également imposée en kayak extrême en Autriche l’année dernière. Récemment écartée de la fédération, elle continue pourtant de jongler entre les 3 disciplines : l’extrême, le slalom et le freestyle. Tour d’horizon d’une championne qui a parcouru plus de 20 pays par amour du Kayak et qui n’est pas prête de lâcher ses pagaies.
Qu’est ce qui t’a attiré dans ce sport ?
J’ai vu un kayak pour la 1ère fois à 4 ans. Je trouvais que ça ressemblait à un Playmobil géant alors j’ai tout de suite voulu en faire ! Mais avec le recul, je réalise que c’est un sport difficile pour les plus jeunes. Quand tu as 5 ans tu te cognes partout, tu as froid, tu te tapes les mains... Mais au-delà de tout ça, j’ai vraiment des souvenirs de jeunesse géniaux : partir en camping avec le club, c’est la liberté ! Finalement le kayak c’est comme les scouts, mais sans l’aspect religieux, et avec quelques bobos.
Quelle est la différence entre le slalom, le kayak freestyle et le kayak extrême ?
En slalom, tu es dans un environnement contrôlé en compétition, et l’entraînement se fait dans des bassins artificiels. Tu maîtrises tout, et le but c’est de faire ton meilleur temps. Ça coûte hyper cher, c’est donc difficile d’en faire hors fédération. Le kayak extrême se joue au temps et à la difficulté de la rivière, et en freestyle il faut surfer sur un rouleau et faire le plus de tricks possible en 45 secondes.
Du coup, entre les trois tu préfères quelle discipline ?
Je n’arrive pas à choisir. Le slalom demande beaucoup de rigueur au quotidien, mais comme les entraînements sont réguliers tu peux faire des études à côté. J’en ai beaucoup fait, mais j’ai aussi eu des saisons moins bonnes qui m’ont valu une sortie du système fédéral en janvier. En kayak extrême, tu pars plusieurs jours en expédition et il se passe toujours des choses incroyables.
C’est quoi le truc le plus fou qu’il te soit arrivé en expédition ?
J’ai navigué en Afrique dans un contexte politique difficile, et j’ai croisé un congolais qui voulait que je le prenne sur mon kayak pour lui faire traverser la frontière de la Zambie au Zimbabwe. J’avais du mal à le comprendre, je voulais l’aider, il pleurait… mais je n’ai pas pu car c’était trop dangereux.
Comment organises-tu tes trips ?
Je ne suis jamais seule. C’est très important d’être entourée car bien que le kayak soit un sport individuel, sur la rivière tu as toujours besoin d’une équipe. Contrairement au slalom, en rivière tu es plus tourné vers les autres, en grande partie parce que c’est un sport dangereux. Tu crées très rapidement une relation de confiance.
La recherche d’adrénaline en kayak extrême s’apparente-t-elle à une drogue ?
C’est une recherche permanente d’aller plus loin et de plus en plus vite. L’extrême c’est la partie adrénaline, mais ce qu’il faut voir derrière, c’est aussi les 7h de voiture que tu as fait avec les copains, les endroits que tu vois, les relations que tu crées. Quand tu descends une rivière au Québec, avec une aurore boréale à 15 mètres de toi, c’est puissant.
Cherches-tu des sensations fortes ailleurs que dans ton sport ?
Pas du tout, en dehors du kayak j’ai hyper peur, je suis une vraie chochotte ! En ski par exemple, je ne saute pas de barres, et je ne vais pas vite en vélo car j’ai peur de me péter quelque chose et de ne plus pouvoir faire de kayak.
Tu es au Canada en ce moment, tu y fais quoi ?
On est dans l’ouest canadien depuis plus d’un mois car les grands lacs gelés commencent à fondre à l’approche de l’été. ça crée de très grosses vagues dans les rivières on en profite pour faire du kayak freestyle. J’atterris souvent sur la tête, c’est cool !
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