Mardi 19 Décembre 2017
Yvan Jayne, french cowboy !

Dans le milieu du rodéo, parmi les cowboys texans se trouve un européen, le premier de l’histoire du bareback riding à s’être qualifié pour les championnats du monde. Depuis 10 ans, il sillonne les routes de l’oncle Sam, monte à cru sur chevaux bronco. Aujourd’hui, plus rien ne le distingue des autres cowboys … A part son accent marseillais.
Comment t’es-tu intéressé au rodéo ?
Mes deux parents sont cascadeurs équestres. J’ai commencé à travailler pour mon père en 1996. Nous voltigions pendant les entractes pour un rodéo près de Milan. C’est là que j’ai vu mon premier rodéo, ça a été le coup de foudre. Je suis parti en jogging, je suis revenu en jean, avec un chapeau de cowboy.
C’est pour ça que tu es parti aux États-Unis ?
C’est pour ça que tu es parti aux États-Unis ?
Oui. C’était compliqué de faire du rodéo en Europe, il n’y avait pas vraiment de technique ou d’école. À 15 ans, j’ai commencé à chercher un moyen de partir aux US, et je suis tombé sur une affiche dans la bibliothèque qui proposait de faire un échange. J’ai convaincu ma mère en 5 minutes, et j’ai rempli mon dossier avec mes petites photos, mon chapeau et mon cheval, et j’ai atterri chez un vétérinaire, qui m’a pris sous son aile et m’a inscrit à des stages de rodéo.
Tu as commencé par monter des taureaux ?
J’ai commencé par le lasso en équipe, 2 mois plus tard je commençais à monter sur des taureaux, et 2 mois après je commençais à monter sur des chevaux sauvages. Comme mes meilleures disciplines étaient sur les chevaux sauvages, je me suis concentré là-dessus. Puis j’ai privilégié la monte de cheval sauvage sans selle. Le bareback riding.
Et en quoi ça consiste, le bareback riding ?
Quand le cheval sort de son enclos, il faut tenir 8 secondes, en n’utilisant qu’un bras. Pour recevoir un bon score, il faut faire des mouvements spécifiques, et que le cheval bouge bien. Donc 50% de ton score vient de toi, et 50% de ton cheval. Les éleveurs emmènent les chevaux sur les rodéos, et les cowboys les tirent au sort. On les connait tous plus au moins, parce qu’ils sont sur le circuit toute l’année. On sait déjà, avant même de monter, nos chances de remporter le rodéo et de se classer.


Comment on se prépare physiquement ?
Il y a 2 aspects, la maintenance (musculation, alimentation saine, comme un athlète de haut niveau), et la réparation. Entre les montes, j’essaye de récupérer au maximum, de m’étirer, de bien dormir. Tu ne peux pas te permettre de t’entraîner sur des chevaux si tu n’as pas de compétition, parce qu’il y a trop de risques. Si tu te casses un os, il te faut 6 semaines pour récupérer, donc 6 semaines où tu ne peux pas faire rentrer d’argent. Tout ce qui est technique se fait sur un cheval mécanique.
Parmi toutes tes blessures, lesquelles ont été les plus graves ?
J’ai eu deux blessures qui m’ont bien refroidi. Je me suis cassé une vertèbre dorsale, et j’ai fait une hémorragie interne, suite à un problème d’artère dans la jambe droite. On a comparé nos fractures avec mon compagnon de voyage, et j’en suis à 17 « bones », de la cheville au poignet, aux os du visage, le coude aussi...
La prochaine étape, c’est les championnats du monde ?
Oui, les championnats du monde à Las Vegas, du 3 au 12 décembre. Ça dure 2 semaines, et je vais monter 10 jours d’affilée. On est 15 compétiteurs dans ma catégorie, on sort tous les jours une fois. La personne qui gagne le plus de points, en rapportant l’année plus les finales gagne le championnat du monde.
Tu arrives à gagner ta vie comme ça sur la route ?
Oui, pour l’instant. J’ai gagné 93 000 $ cette année en faisant du rodéo, mais j’en ai dépensé la moitié sur la route, en avion, en inscription, en hôtel, etc. Pour la finale il y a 10 manches d’affilée, et sur chaque manche on peut remporter 28 000 $. En gérant bien le coup, avec le bon cheval, je peux gagner 100 000 $ en 10 jours. Mais là j’ai 33 ans, je commence à réfléchir à la suite. J’ai monté une marque de fringues, Adrenaline Addiction, et une petite agence de voyages, Lost Provence, pour faire découvrir la Provence aux Texans, et le Texas aux Provençaux.
Partagez cet article